1963, la Ligue soutient les mineurs en grève, Sur France 5

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En mars 1963, les mineurs se mettent en grève et la solidarité avec eux est rapide et générale. De nombreuses associations comme la Ligue mais aussi des syndicats appellent à l’accueil dans des familles des enfants de grévistes. Plus de 23 000 seront accueillis dans toute la France. Une grève « dure » La grève générale des mineurs des Charbonnages de France commence le 1er mars et s’achève le 5 avril 1963. Elle a comme revendication principale le rattrapage du retard des salaires sur ceux de l’industrie privée. L’Etat croit pouvoir éteindre rapidement le mouvement. Mais les mineurs, pourtant réquisitionnés, ne cèdent pas et vont même bénéficier d’un soutien quasi unanime de la Nation. Une solidarité exemplaire En quelques semaines la solidarité s’organise et elle prend des formes multiples. D’abord les agriculteurs et les commerçants offrent des denrées aux familles de mineurs. Puis partis de gauche et syndicats se mobilisent. Le 10 avril, la CGT-spectacle organise un gala de solidarité à l’Alhambra de Paris, avec le soutien de personnalités comme Jean Vilar et Michel Simon. Les associations ne sont pas en reste dans cette mobilisation solidaire. Le Secours Populaire est très actif, et la Ligue de l’enseignement également. La Ligue en première ligne Avec l’aide du syndicat des enseignants, la Ligue va lancer un appel pour accueillir les enfants de mineurs dans des familles.

Mieux, ce sera bien souvent elle qui organisera le « ramassage » des enfants pour les conduire dans les familles d’accueil. « Les cars de transports se sont alignés devant la Bourse [du travail à St Etienne] pour l’exode des enfants organisé par la Fédération des Œuvres laïques » (In « La révolution prolétarienne », revue syndicale, mai 1963). Un pouvoir contraint à céder Cette solidarité inattendue pour le pouvoir le conduira à céder devant les revendications. L’accord qui sera signé acte une augmentation immédiate des salaires de 6,5 %. Il prévoit également une progression de 12 % échelonnée jusqu’au 1er avril 1964. Enfin, une quatrième semaine de congés payés est acquise, et il est décidé d’une table ronde chargée d’examiner l’évolution de la production charbonnière. France-Soir écrira  : « Le syndicalisme gagne du terrain : loin de lui avoir brisé l’échine, de Gaulle lui vaut (sic) un nouvel essor. » Des histoires singulières Pour France 5, le réalisateur Rémi Bénichou est parti à la rencontre de cet élan de solidarité. Il a rencontré les enfants qui sont partis, les familles qui les ont accueillis, et celles qui les ont vu partir. Bien souvent les liens entre les familles de mineurs et les familles d’accueil n’ont pas perduré à la fin du conflit. Dans d’autres cas au contraire on découvre de véritables « familles recomposées par le mouvement de solidarité ». Le film fait la part belle aux souvenirs, aux retrouvailles, et à une « fraternité en action ». Diffusion Ce film documentaire a pour titre « Grève des mineurs de 1963, Merci papa! ». Il sera diffusé le dimanche 21 avril 2019 à 22h35 sur France 5, dans le cadre de « La Case du siècle ».

Texte de Jean-Noël Matray, responsable du secteur Culture à la Ligue de l'enseignement.

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