Que sommes-nous ?

 

Des groupes de réflexion

Les cercles Condorcet constituent, au sein de la Ligue de l’Enseignement, des groupes de travail, de réflexion et d’action réunissant des citoyens très divers par leurs origines, leurs compétences et leurs expériences professionnelles. Leur démarche, fondée sur l’échange et la reconnaissance mutuelle, relève de l’éducation populaire.

L’ambition des cercles Condorcet est de :

  • veiller au respect des valeurs de la République, de la démocratie, de la laïcité, de la citoyenneté, de l’instruction pour tous ;
  • apporter un éclairage sur des débats de société tels que travail, justice, racisme… ; des questions d’actualité comme la violence, le sport, les mouvements sociaux….

Et pour cela, ils ont le projet de

  • promouvoir l’esprit critique ;
  • combattre la désinformation ;
  • affirmer des positions basées sur l’exercice de la raison critique et sur les valeurs de la République ;
  • donner aux citoyens l’occasion de se réunir pour affiner leur réflexion et jouer pleinement leur rôle dans le débat public, pour une démocratie enrichie et renouvelée.

Origine des Cercles Condorcet

C’est en 1986 que le premier cercle Condorcet est créé par une centaine de personnalités parisiennes sous l’impulsion de Claude Julien,  journaliste, alors directeur du Monde diplomatique, et qui sera de 1990 à 1998 président de la Ligue de l’enseignement.

Il s’agissait d’universitaires, responsables économiques, syndicalistes, militants associatifs, prêts à engager une réflexion commune sur le monde et à voir comment peut s’instaurer une société nouvelle face aux mutations technologiques, à la mondialisation, à l’individualisme et à l’émergence d’une société à deux vitesses.

En choisissant le nom de Condorcet, les fondateurs  ont entendu affirmer qu’ils s’inspiraient de l’esprit des Lumières, et de cet illustre ancêtre penseur de la République, de la démocratie, de la laïcité et de l’école pour tous.

Progressivement, des Cercles analogues se sont créés dans une cinquantaine de villes, multipliant les lieux de réflexion en liaison avec les fédérations départementales de la Ligue de l’enseignement. Quelques cercles sont également créés en Belgique, Hongrie, Italie, Maroc, Suisse,…

Lors du congrès de la Ligue à Clermont-Ferrand, en 1995, les cercles se constituent en associations autonomes avec la création d’un comité de liaison nécessaire au fonctionnement du réseau et à la reconnaissance du mouvement ; en 1996 naît « la lettre des cercles ».

 

ACTE CONSTITUTIF

du Cercle Condorcet

Janvier 1987

Les sociétés contemporaines donnent l’impression d’être prises au dépourvu par le choc de phénomènes dont aucun, pourtant, n’était inattendu :

-l’avancée des sciences et des techniques, qui bouleverse le rapport du savoir, les modes de production, l’emploi, les comportements des personnes, en même temps qu’elle renforce les moyens dont dispose tout pouvoir,

-l’émergence de nouvelles formes d’individualisme, exaltées au détriment d’une difficile mais indispensable solidarité sans laquelle la société, sous son vernis de civilisation, reviendrait à la seule loi de la jungle,

-l’influence grandissante que peuvent avoir sur le destin de chaque nation les conflits ou mutations qui se produisent en de lointaines régions du monde, alors que, dans chaque pays, l’information se concentre sur les problèmes internes et découvre trop tardivement les crises externes, en général lorsqu’elles ont atteint un tel degré de gravité qu’elles ne peuvent plus guère être maîtrisées,

-le culte d’un prétendu » réalisme » qui, dans la vie nationale et internationale, tend à privilégier la défense d’intérêts matériels en faisant fi du droit, des valeurs culturelles, et de toute préoccupation éthique.

L’accélération et la simultanéité de ces changements profonds ont naturellement ébranlé bien des certitudes. A la faveur de ce désarroi, se manifestent, en France et dans le monde entier, des courants de pensée qui récusent les ambitions de la démocratie, limitent les libertés fondamentales au profit de la seule liberté d’entreprise, refusent toute aspiration à l’égalité, entretiennent le chauvinisme national et exacerbent les préjugés raciaux. Tels sont les recettes habituelles d’un ordre stérile, sans autre finalité que son propre maintien. Et cet ordre serait amené à se montrer d’autant plus impitoyable que la société à « deux vitesses » , qui se met en place sous nos yeux, crée une vaste catégorie de sous-citoyens dont les frustrations peuvent susciter d’imprévisibles réactions.

C’est la démocratie qui est ainsi remise en question. Bien entendu, ses plus évidentes procédures seraient sauvegardées, mais vidées de leur substance, réduites à un simple rituel. Les libertés politiques sont peu à peu sacrifiées sur l’autel du libéralisme économique : concentration des moyens de production, colonisation de l’information par de grands groupes privés, dépérissement de la République, progressivement asservie aux intérêts des plus puissants. Ainsi la recherche permanente d’une prétendue rationalisation des moyens de production s’accompagne-t-elle d’un retour de l’irrationnel dans les domaines du politique et du social.

Alors que tant d’habitudes de pensées sont ainsi remises en question, ni un pragmatisme au jour le jour, ni une simple réflexion individuelle ne sauraient suggérer des réponses originales, des choix rationnels, des solutions adaptées à tant de défis étroitement imbriqués les uns aux autres.

Comme il ne saurait être question de se résigner, la seule démarche fructueuse consiste à rassembler dans le respect d’expériences et d’opinions diverses, tous ceux qui perçoivent la nécessité de porter un regard libre sur ce monde changeant et d’engager une réflexion commune sur ses évolutions probables, souhaitables, possibles.

Tel est l’objet du Cercle Condorcet, dont les premiers membres ont été sollicités par la Ligue de l’Enseignement en raison de leur compétence et de leur autorité morale.

En choisissant le nom du plus illustre ancêtre de la laïcité, le Cercle Condorcet entend affirmer qu’il s’inspire de l’esprit de l’Encyclopédie et de la Révolution de 1789 pour mener, dans un souci de dialogue et d’ouverture, une recherche approfondie permettant de mieux comprendre notre monde pour infléchir l’avenir qui est en train de se faire.

Le Cercle Condorcet n’a rien d’un groupe fermé sur lui-même. Ses membres fondateurs coopteront tous ceux qui pourront participer à l’effort engagé. Les analyses qu’il produira, en petits groupes ou en grandes réunions publiques, déboucheront sur des publications et des manifestations sur l’ensemble du territoire, en liaison avec les Cercles locaux en création dans tous les départements.