A Sens, Jérôme Prieur évoque « les sentinelles de l’oubli »

Publié le par Charles CONTE

Le 20 novembre, le Cercle Condorcet du Sénonais invite l'écrivain et réalisateur Jérôme Prieur a parler de son travail de mémoire populaire sur la grande guerre "Les sentinelles de l'oubli".

Dans une étude des monuments aux morts publiée dans « Les lieux de mémoire » (Editions Gallimard), Antoine Prost souligne : « On ne célèbre ni l’armée, ni même la Patrie aux monuments aux morts. C’est au contraire la Patrie qui rend hommage aux citoyens… Le monument ne préjuge pas des opinions des citoyens : en cela il est républicain et laïque ; d’ailleurs il évite également les emblèmes religieux. Nous sommes en présence de monuments civiques ». Presque toutes les familles sont endeuillées. Un Français sur cinq, soit huit millions d’hommes, ont été mobilisés. Un million quatre cent cinquante mille sont morts. Antoine Prost rappelle dans quelles conditions en évoquant une «  transgression des limites de la condition humaine. Les soldats étaient livrés sans défense aux obus, sur un sol nu, ravagé, dévasté, inhumain. Retranchés de l’humaine société, abandonnés aux éléments – la pluie, la neige, le vent, le froid – sans pouvoir satisfaire leurs besoins les plus élémentaires, ils se trouvaient ramenés en deçà de toute civilisation ». Ces poilus sont-ils en voie d'être oublié ?  Un article de l'édition "Laïcité" propose une réflexion sur la relation entre mémoire et histoire. Les monuments aux morts de 1914-1918 nous sont devenus tellement familiers qu'on ne les voit plus. C'est un musée invisible qui a fini par se confondre avec les paysages de France. Et puis un beau jour, une sculpture arrête le regard, ici un soldat monte à l'assaut, ailleurs une jeune femme pleure dans un champ devant un casque... une autre histoire apparait. C'est le projet artistique le plus ample peut-être depuis les cathédrales, un grand chantier qui va s'étendre des années 20 aux années 30. Une autre histoire apparait, le plus gigantesque chantier artistique peut-être depuis les cathédrales. Ces statues nous font entrer dans un monde parallèle au notre, là où continuent de vivre les fantômes de la Grande Guerre... C'est ainsi que Mélisande films, qui co-produit le film avec La Chaîne Parlementaire, présente "Les sentinelles de l'oubli", un film écrit et réalisé par Jérôme Prieur. Par ses engagements populaires et son talent incontesté Jérôme Prieur est un des mieux placé pour redécouvrir notre passé, et ainsi nous redécouvrir nous-mêmes. Il est l'auteur d'une œuvre considérable, des dizaines d'essais, plus encore de documentaires pour la plupart historiques et même d'un roman "Une femme dangereuse" Editions Le Passage. "Les sentinelles de l'oubli" est un documentaire remarquable, un lent voyage dans les villes et villages de France autour de leurs monuments gravés de longues listes de noms. La photographie et la musique sont à la hauteur de la vison donné des statues, parfois massives, parfois simples stèles. "Les sentinelles de l'oubli" est un documentaire de 75 minutes. Une version de 60 minutes est en ligne sur le site de La Chaîne Parlementaire en accès libre jusqu'au 30 septembre 2026.